Au coeur de l’univers romanesque d’Alain Santacreu se dévoile un trésor littéraire : “Le Roman retrouvé”. Plongez au coeur d’une intrigue captivante où l’imaginaire et la réalité se confondent pour offrir un voyage littéraire inoubliable.
Un ouvrage aux dimensions monumentales
À bien des égards, « Le Roman retrouvé » d’Alain Santacreu est un livre monstrueux. Non pas dans le sens péjoratif du terme, mais plutôt comme une œuvre titanesque et foisonnante. Publié originellement sous le titre Opera Palas en 2017 par l’éditeur Alexipharmaque, le livre a été rapidement retiré des étagères après la faillite de la maison d’édition. Cependant, l’histoire prend une tournure inattendue grâce à Caroline Hoctan, une écrivaine qui redécouvre le roman et propose à Santacreu un entretien pour lui donner une nouvelle vie.
Un genre littéraire inédit
Santacreu défie les conventions du roman traditionnel pour créer ce que Mehdi Belhaj Kacem appelle le « picaresque métaphysico-politique ». Le récit plonge le lecteur dans une aventure sans fin qui traverse les strates de l’histoire humaine, depuis la tradition judaïque et chrétienne jusqu’à la révolte des marins de Kronstadt en 1921, en passant par la Guerre d’Espagne et même des figures politiques contemporaines comme Manuel Valls.
Deux piliers fondamentaux
Le livre s’articule autour de deux idées fortes. La première vient de Marcel Duchamp et son œuvre Le Grand Verre, qui permet à Santacreu d’inventer un style d’écriture inédit où l’auteur peut s’effacer. La seconde est basée sur une idée de George Orwell selon laquelle l’Histoire se serait arrêtée en Espagne en 1936. Selon Santacreu, cette période marque le début d’une ère de « fiction », entretenue par le système économico-médiatique et le capitalisme.
Un dialogue avec le lecteur
Dans la partie « entretien » du livre, Santacreu cherche à engager un dialogue avec son public. Il ne s’agit pas d’imposer une vérité mais de proposer un espace de réflexion. Ainsi, le livre devient une partie d’échecs où le lecteur est invité à se mettre en danger et à interagir avec le texte de manière cathartique.
Une narration en spirale
La structure du livre est circulaire, ou « spiralée » comme l’explique l’auteur. Les premières pages effacent le « je » de l’auteur au profit d’une narration plus objective, avant de revenir à la première personne. Cette méthode offre un va-et-vient curieux entre des personnages historiques et des créations fictives, transformant le lecteur en témoin actif de l’évolution narrative.
Une œuvre dialectique et provocatrice
Santacreu joue sur les contradictions pour enrichir son récit. Il présente des antagonismes multiples : masculin et féminin, bolchevisme stalinien et slavophilisme. Ces oppositions engendrent une pensée dialectique puissante et hétérogène qui ne cherche pas à résoudre les contradictions mais à en tirer toute la richesse.
Un maelstrom d’émotions
Lire « Le Roman retrouvé » est une expérience intense, provoquant une gamme d’émotions allant de la fascination à l’agacement, de l’enthousiasme au scepticisme. Les angles saillants du livre ne laissent aucun lecteur indifférent.
Information technique
- Le Roman Retrouvé (2024) d’Alain Santacreu
- Préface de Mehdi Belhaj Kacem
- Éditions Tinbad, 2024
- ISBN : 979-10-96415-66-3
- 362 pages – 25€